La paix dans le monde est pour l’avenir ce que les Jeunes Verts sont à l’avenir de la Révolution... rien. Si j’étais parano j’écrirais même que ceci est une pure invention de l’intelligence gouvernante. Je le sais, je le pense, je l’écris. La paix dans le monde est un concept mou, un chipster d’apéro rassis, un tract des MJS, voire un bal de grabataires. Aujourd’hui, maintenant, en Israël autant qu’en Afghanistan, la paix est un ersatz d’utopie noyé sous une salve d’applaudissements, que les décideurs - sujets à la pathologie de l’exercice du pouvoir - maintiennent en vie pour garder intacte une autre paix primordiale... la paix sociale. Si paradoxal qu’il en soit, en véritable utopiste, je ne me brise pas un rêve inaccessible en affirmant que la paix dans le monde est une belle connerie. Car tant qu’il y aura des crétins pour se foutre sur la gueule, il en restera toujours au moins un à la fin des hostilités. C’est ainsi qu’arithmétiquement, la paix fout le camp !

Et derrière un crétin, un tueur, un fou, un Bush, un terroriste, un tyran, un Ben Laden... il ne se cachera jamais rien de bien humain ni bien honnête pour faire cette fameuse paix. L’Afghanistan peut enfin dormir tranquille. L’Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord ou ses hybrides seront toujours là pour réveiller dans les cris, les larmes et le sang une population ruinée par plus de vingt années de conflits. Pour combien de temps encore ?! Quel seuil de tolérance sommes-nous prêts à définir ?! Quelle partie du corps d’un enfant, pauvre et sans avenir, n’accepterons-nous pas qu’une bombe déchiquète ?!

Peu s’offusquent. Peu se tracassent. Car dans cette guerre sale et sans images. Dans cette boucherie de dommages collatéraux, aux objectifs inavoués ou faussés. Où l’on ne voit rien de moins que ce qu’il est décidé de nous montrer. Où l’on ne sait rien de moins que ce qu’il est ordonné de nous expliquer... la meute occidentale ne réagit pas... elle obéit. Suite aux attentats du 11 septembre, rabâchés en boucle pour faire un gros nœud dans la mémoire collective, Bush a très vite mué en Croisé du Bien. Un bien fou, un bien libérateur, un bien immuable. Un missionnaire du millénaire, garant de répandre un paix mondiale toute capitaliste face au terrorisme mal rasé. Aux impolis qui rentrent dans les tours sans frapper. Aux barbares de Ben Laden... le Mal dans toute son ignominie. Dans une société dualiste où indéniablement tout doit s’opposer. Enfer/Paradis, droite/gauche, sel/poivre, pokémons/digimons... il faut savoir choisir son camp. Alors comment désormais ne pas soutenir le paisible camp, attelé à détruire l’horreur des barbares qui veulent nous en faire voir d’autres (des horreurs). Alors allons pour la paix, même incarnée par un terroriste de la chaise électrique. Pour la paix, avec des bombes sur des innocents. Pour la paix, pour que l’intelligentsia puisse dormir tranquille. Pour la paix... et une raclée aux bougnoules. Pour la paix car, comme le capitalisme, il n’y a rien d’autre de plus abouti et de plus universellement... faux.

Monsieur X