Ah ! Le job étudiant. Quelle bonne trouvaille de la société tout de même. Du travail en plus du travail. Comment aurions-nous pu échapper à ça ?! Moi pour tout comprendre, je me suis mis à lire la KROnique de Virg dans le Corpus Délit. Elle est bien sympa Virg pour nous mentir de la sorte. Une véritable pasionaria du lobbying de l’exploitation. L’Eva Peron des étudiants bêlants. Bref... une alien au service de l’aliénation. Partant de ce théorème qui soumet la réussite scolaire à la quanttité de travail fourni, Virg pose très vite la consensuelle question de savoir si un "petit pécule" à palper chaque mois pour "subvenir à quelques dépenses" ne serait pas "agréable". Conscientisé à l’exercice d’être sectaire et odieux, je n’ai pas manqué à l’appel d’être chiant, et ce, en me questionnant sur ces "quelques dépenses" auxquelles nous, étudiants, devions faire face.
  quelques frais d’inscription universitaires... carrément illégaux
  quelques mensualités de loyer... en chambre U pour les plus mal lotis ;
  quelques coûts de déplacement au bénéfice de la Société de Transports et de Racket Dijonnaise... qui a malencontreusement oublié ses milliers d’usagers étudiants ;
  quelques repas... au rupin R.U. ;

etc. ... etc. ... et je vous en passe de nos quelques envies et de ces quelques désirs que suscite la vie de tous les jours.

Ah ! Le job étudiant, "la meilleure des solutions". Je dirais même plus, un inextricable dilemme où la condition de survie des étudiants est souvent liée à ce "meilleure" du pire des mondes de Virg. Un monde décrit sous l’ecstasy de l’extase avec l’hallucination de la honteuse méconnaissance.

L’uniformisation reste l’une des tares de l’idéologie capitaliste, qui n’a pourtant de cesse de nous rappeler combien nous sommes LIBRES grâce à elle. Libres de penser. Libres d’agir. Libres, bien plus libres qu’une poussiéreuse déclaration des droits de l’Homme pourrait le clamer car, de toute évidence, les hommes naissent et demeurent Libre Entrée SFR. Nul corps, nul individu ne peut Think Different. L’emploi précaire n’échappe en rien à cette uniformisation. Pour Virg, pourtant, nous avons le choix : "le choix de la restauration rapide". Choix divisé entre Pizza Hut, Mc Donald’s et Quick.

Pizza Hut est décrit comme une entreprise qui n’expose ses employés qu’à la contrainte météorologique du "froid et de la tempête". Mc Donald’s décroche toutes les faveurs. Liberté du nombre d’heures travaillées. Proximité de la faculté. Avantages offerts aux plus anciens (un mois de travail offrant une entrée gratuite au Cap Vert). Amnésie. Schizophrénie. Délire... !? Non, Virg souffre d’une pathologie beaucoup plus grave : celle d’être convaincue !

Con-vaincue - ici le jeu de mots prend tout son sens - que les risques supportés par l’employé de Pizza Hut se réduisent à une hypothétique grippe et que de surcroît les accidents de la route liés à l’absence de prudence, à la surenchère du délai de livraison et à la pression exercée par l’entreprise... n’existent pas.

Con-vaincue que l’unique dommage subi par le serf macdonalien se résume finalement à une simple odeur.

Con-vaincue que ce même individu reste libre quant à sa masse d’heures travaillées et qu’il n’existe, évidemment, aucun surplus d’heures impayées. Que ceci reste du fantasme syndical et que de toute façon, il pourra toujours oublier en poussant, gratuitement, une autre porte d’usine, dans un autre quartier défiguré et impersonnel.

Con-vaincue qu’il existe, par delà ces jobs d’esclaves, d’autres jobs d’esclaves bien "plus valorisants" tels que "téléacteur ou distributeur de prospectus".

Consistant, pour le premier, à voler par téléphone tout en risquant de se faire voler sa place si on ne vole pas assez aux yeux des voleurs.

Ou consistant, comme le second, à polluer les boîtes aux lettres de pub(tréfaction) préalablement trimbalée dans un chariot extrêmement lourd pour un salaire frôlant l’anorexie.

Convaincu qu’en tant que travailleur-étudiant paranoïaque, l’exploitation se cache toujours entre les lignes d’un contrat de travail.

Convaincu de la dangerosité sanitaire, mentale et politique des propos de Virg, j’en appelle au principe de précaution et à l’abattage systématique de ce triptyque : apologie du travail - croyance dans le travail - soumission au travail.

Convaincu que tout ceci doit se finir au son du dicton, n’oubliez jamais qu’à la Sainte Virginie, le corporatisme est le lisier de la porcherie.

Aberan